Project details
İstanbul Enka 2013
Enka Kültür Sanat
Category
İstanbul
They take refuge with you, men, children, memories of bereavement, those who are seeking a little comfort in the warmth of your arms, the unfortunate, the sad, run towards you to let large tears fall, to find peace in your breath, your scent, your words, your healing hands.
They come towards you like pirates fleeing from a storm, a hurricane, famine, death. You open your arms each time, bearing the burden of pain each time, you pray for everyone, even if all have betrayed you, even if all have fled from you, even if none have given you the love and attention that you deserve so much.
You always bestow forgiveness, you smile as you hide between your black shadows and I can see, when I look at you, how love must be given to a child, Man, a neighbour, acquaintances, and still others, and how one must know oneself. You tell me that. You tell me: “Know yourself,” “be modest, tolerant and patient, like an island where humans take refuge when they flee from hard times; make space for them within you, allow them to wrap themselves around you and cry on your shoulder so as to relieve themselves of their burden until they are able to find peace and sleep during which they will at last find once again the sweetest of dreams.” Black woman! Black woman’s island! You know what it is to love.
August 2012. I moved to Reunion Island with my family, more than seven thousand kilometres from my homeland, Turkey. Everything is so new to me that inspiration springs from every corner. I draw non-stop what I see. People, animals, plants, flowers, trees, insects, fish, the volcano, the houses, the waterfalls… From this slip of paradise, I wanted to share with you some drawings inspired by the best that this island has to offer: its women.
I wanted to make you feel this bitter-sweet happiness that these women communicated to me through their eyes. I hope that you will also notice in these eyes this silent compliance, this secret forgiveness, which is grateful for life. Perhaps you will feel the same messages which may be read in the eyes of Turkish women; our women who are increasingly alone like this island in the middle of the ocean.
Man is a contradiction. He is part of nature, but he is its worst enemy. He flees from it and, for instance, dresses to hide from it, but he also seeks it out, for instance, to take his mind off things.
Man is a stroke. He wishes to wear its colours, light and shadow. With it, he wishes to draw his life but also to change it, to forget it or to deny it.
But, above all, Man is a dream. It crosses his mind seemingly insignificant, but it reappears elsewhere, again and again.
The art of the tattoo is that which brings together these human contradictions, these trips, these escapes and these strokes. It is the art form which gives Man his dreams, which engraves them upon him forever, which imprints them upon him and sticks them to his skin. Within these lines, theses curbs, these colours, these shadows of the tattoo, Man takes refuge in his dreams, in his fears and in his hopes. There he jumbles his gods and his demons, and there he hides that which is most profound within him, his identity.
The exhibition, An Ocean Stroke, seeks to bring together these two identities within Man, that which sticks to his skin and that which he hides within him, to bring out a third: his tale. It invites us to forget our current human condition, our city lives, made of concrete, multi-media, digital technologies, and which have in the end become more virtual than ever. It invites us to lose ourselves within these figures and motifs of Africa and India, these strokes of the Indian Ocean, in order to find ourselves in these human tales which we have forgotten or never heard.
I very much hope you enjoy your visit.
Ils se réfugient à toi les hommes, les enfants, les souvenirs endeuillés, ceux qui cherchent un peu de réconfort dans la chaleur de tes bras, les malheureux, les tristes, courent vers toi pour pleurer à grosses larmes, pour trouver la paix dans ton souffle, ton odeur, tes paroles, tes mains bienfaisantes. Ils vont vers toi tels des pirates fuyant la tempête, l’ouragan, la famine, la mort. Tu ouvres les bras à chaque fois, à chaque fois en prenant sur toi ta peine, tu mets tout le monde dans tes prières, même si tous t’ont trahi, même si tous t’ont fui, même si d’aucuns ne t’ont donné l’amour et l’attention que tu mérites tant. Tu pardonnes toujours, tu souris cachée dans tes ombres noires et je vois, quand je te regarde, comment il faut aimer l’enfant, l’Homme, le voisin, les connaissances, et les autres, et comment il faut se connaître soi-même. Tu me le dis. Tu me dis : “Connais-toi toi-même”, “sois modeste, tolérant et patient, comme une île à laquelle l’humain se réfugie en fuyant les mauvais temps; fais leur une place chez toi, permets leur de t’enlacer et de pleurer sur tes épaules pour vider leur sac jusqu’à accéder à cette paix et à ce sommeil où ils vont enfin retrouver leurs rêves les plus doux. Femme noire! Femme de l’Île! Tu sais ce qu’est aimer.
Août 2012. Je me suis installée avec ma famille à L’Île de la Réunion, à plus de sept mille kilomètres de mon pays, la Turquie. Tout est si nouveau pour moi que l’inspiration jaillit de toute part. Je dessine sans cesse ce que je vois. Les gens, les animaux, les plantes, les fleurs, les arbres, les insectes, les poissons, le volcan, les cases, les chutes d’eau… De ce coin de paradis, j’ai voulu partager avec vous quelques dessins inspirés de ce que cette île a de plus beau : les femmes. J’ai voulu vous faire sentir ce bonheurs aigre-doux que le regard de ces femmes me communiquèrent. j’espère que vous remarquerez aussi dans ces yeux cet acquiescement silencieux, ce pardon secret et reconnaissant pour la vie. Peut-être, sentirez-vous, les mêmes messages qui se lisent dans les yeux des femmes turcs ; nos femmes qui sont de plus en plus seules comme cette île au milieu de l’océan.
L’Homme est contradiction. Il fait partie de la nature, mais en est l’ennemi le plus redoutable. Il la fuit et, par exemple, s’habille pour la cacher, mais la cherche aussi, par exemple, pour se changer les idées.
L’Homme est un trait. Il en veut porter les couleurs, les lumières et les ombres. Avec lui, il veut dessiner sa vie mais aussi la changer, l’oublier ou la nier.
Mais, avant tout, l’Homme est un rêve. Il traverse l’esprit l’air de rien, mais réapparaît ailleurs, encore et encore.
L’art du tatou est celui qui rassemble ces contradictions humaines, ces voyages, ces fuites et ces traits. C’est l’art qui rend à l’Homme ses rêves, qui les lui grave à jamais, qui les lui imprime et lui colle à la peau. Dans ces lignes, ces courbes, ces couleurs, ces ombres du tatou, l’Homme se réfugie à ses rêves, à ses peurs et à ses espoirs. Il y mêle ses dieux et ses démons, et y cache ce qu’il a de plus profond, son identité.
L’exposition Un Trait d’océan, a pour objet de réunir ces deux identités de l’Homme, celle qui lui colle à la peau et celle qu’il y cache, pour en dégager une troisième : son histoire. Elle nous invite à oublier notre condition humaine actuelle, nos vies citadines, bétonnées, multimédiatiques, numériques et, au final, devenues plus que jamais virtuelles. Elle nous invite à nous perdre dans ces figures et motifs de l’Afrique et de l’Inde, dans ces traits de l’Océan Indien, pour nous retrouver dans des histoires humaines que nous avons oubliées ou jamais entendues.
Je vous souhaite une très bonne visite.